Je pars tout droit sur le sentier. J’ai mis le timer sur 30 minutes, comme on m’a dit de faire dans le cadre de cet exercice créatif. Je rigole pas avec les instructions, je suis très premier degré. Je file vers l’ouest sur un sentier de promenade que je connais et, malgré les virages et embranchements possibles, je garde le cap. Droite dans mes bottes en caoutchouc.

Alors que le chrono approche des 30 minutes, je me sens de plus en plus mal à l’aise. Vraiment pas bien, comme si le ciel déjà bas allait littéralement me tomber sur la tête. Logique : je vis en Bretagne, pile à l’emplacement du village des irréductibles gaulois tel qu’il est placé en première page des albums d’Astérix.

A ma dernière bifurcation vers l’ouest, je comprends. C’est la cata. La sonnerie des 30 minutes retentit pile au moment où le chemin s’arrête pour laisser place à un champ. Probablement un champ de jeunes pousses de maïs. Je n’en sais rien, je suis nulle en plantes. Je suis donc au bout de ma route, littéralement, face à un chemin inexistant.

L’exercice créatif impliquait de poser une question et de récolter des éléments de réponse au bout de 30 minutes de marche en allant tout droit. Incongru à première vue, mais, par curiosité, j’ai voulu tenter l’expérience.

Ma question portait sur mon avenir en tant que rédactrice web freelance. Face à ce cul-de-sac, la réponse semble évidente, surtout quand on a une fâcheuse tendance à prendre les choses au pied de la lettre : STOP ! Arrête de t’acharner, ça ne sert à rien ! L’écriture est un hobby, pas un métier !

Je fais demi-tour et je reviens sagement sur mes pas, dépitée. Pour me changer les idées sur le chemin du retour, je décide de cueillir des fleurs. D’étranges plantes à longues tiges couvertes de cloches violettes poussent le long du sentier, j’en prends quelques-unes pour faire un joli bouquet. 

Alors que j’arrive près de ma porte, mon petit voisin de 9 ans me regarde, éberlué. « Mais elles sont empoisonnées tes fleurs ! Faut te désinfecter tout de suite, la digitale, c’est mortel ! » me lance-t-il. 

C’est tout moi : la nulle en plante qui a failli mourir sur un malentendu… Je largue les fleurs dans le bas-côté, je rentre et me lave soigneusement les mains. Deux fois. Trois fois. Jusqu’à ce que je percute que la plante s’appelle la digitale et que mon métier c’est la rédaction web, l’internet, le digital. On peut y voir des signes, des coïncidences, tout ce qu’on veut. Moi, après cette aventure rocambolesque, je vois un message très clair en lettres violettes qui clignotent au-dessus de ma tête : arrête d’écrire pour le web ! C’est pas pour toi ! 

Quelques jours plus tard, je raconte cette histoire et j’apprends que la digitale produit la digitaline, une substance toxique à haute dose qui a pourtant sauvé bien des vies, car elle soigne l’arythmie cardiaque. Ça alors… il y aurait une autre interprétation possible ? Genre “écouter mon cœur” ? Et, après réflexion, mon chemin en cul-de-sac ne pourrait-il pas se transformer en “champ des possibles” ? 

Voilà une belle leçon pour mon premier degré, qui la ramène beaucoup moins depuis.

PAR PLUMINKAA

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2 réflexions sur “Au pied de la lettre

  1. Très joli texte, premier degré, deuxième degré, digital, moral sans être moralisateur. Bravo. Et continuez d’écrire!
    Cyrano

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