C’est vendredi matin, il est 8h30. Eva a emmené ses enfants à l’école. C’est l’heure de se mettre en posture de guerrière dans son salon. Le yoga est salvateur pour la souplesse, les muscles profonds et la santé d’esprit. Il suffit juste d’un peu de temps devant soi, du silence et d’un tapis de gym pour s’exercer.

Eva a 40 ans. Elle a obtenu depuis peu le poste de cadre à temps partiel qu’elle voulait tant. Avoir un amoureux, des enfants, une maison et un job qui lui permette d’être épanouie et indépendante : elle avait maintenant tout coché.

Et puis, un jour de printemps, au détour d’une rue, elle comprit qu’il n’y avait pas que ses muscles physiques qui méritaient d’être entretenus. Sur le chemin du bureau, elle aperçut, au milieu d’une superbe fresque, une citation écrite à la peinture noire : Le bonheur ? c’est simple : « il faut quelque chose à faire, quelque chose à aimer et quelque chose à espérer ». Elle faisait, elle aimait.

Mais que pouvait-elle espérer maintenant ? S’était-t-elle fourvoyée en menant sa vie comme une liste d’épicerie avec des éléments à tracer une fois accomplis ? Ce jour-là, Eva pris conscience que, tout comme les muscles physiques, les rêves aussi, ça s’entretient. Pour qu’ils se développent, soient forts et résistent au temps.

« Finalement, tout fonctionne un peu comme les muscles dans la vie », se dit-t-elle. Au début ça pique, on ne sait pas trop comment s’y prendre, on y va à petits pas, ça fait un peu mal, on a aucune endurance. Et puis, au fur et à mesure, tout devient naturel. On ne se force pas, c’est juste essentiel à notre équilibre.

Ce jour-là, des milliers de papillons ont élu domicile dans le ventre d’Eva.

Elle réalisa à quel point l’art imprègne et trouble parfois nos vies, qu’on le veuille ou non. Il est là où l’on va, des murs de nos rues aux galeries contemporaines, de la bande son de notre film préféré au concert où la foule se déchaîne. Du slogan publicitaire au dernier roman de notre auteur préféré.

« Les humains ne sont jamais aussi beaux que quand ils créent ou quand ils vivent en réalisant leurs rêves », pensa-t-elle. Quelques rêves au moins. Rêver. Créer des petites et des grandes choses, encore et toujours. Eva l’avait compris, grâce à l’artiste de rue à la plume habile, qui, ce jour-là, l’avait propulsée à l’intérieur d’elle-même.

Eva changea sa façon de voir la vie grâce à cette petite phrase. Des mots, une image, une chanson, une histoire, et nous voilà dans l’introspection, nous posant mille questions sur la façon dont nous menons notre existence. L’art, pour beaucoup non-essentiel, fit retrouver sa vitalité à Eva.

Elle se souvint à quel point écrire lui était vital. Sa passion, enfouie jusqu’ici sous ses nouvelles obligations, se ralluma.

Depuis ce jour-là, elle espéra avoir chaque jour un moment dans sa journée où, entre deux responsabilités, elle pourrait prendre sa plume pour écrire à quel point l’art l’humanise.

Ce jour-là, elle commença par écrire une phrase de Sacha Guitry qui résonnait plus que jamais en elle : « Quand une œuvre d’art vous donne le vertige, souvenez – vous que ce qui donne le mieux encore le vertige, c’est le vide ».

PAR VÂNIA

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2 réflexions sur “Non essentiel, mais vital.

  1. ooh j’aime beaucoup… merci..; cette envolée vers le Bonheur d’un art enfoui, oublié, sacrifié, comme nous savons si bien toutes le faire : s’oublier pour tout donner, s’oublier au point de souffrir. Eh! bien oui se recentrer … ménager sa monture pour aller plus haut, plus fort, plus loin, pour donner encore mieux autour de soi M’AIME.
    Merci. oiur ce beau voyage au pays de la sagesse interne du SOI.

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