La nature recouvrait son doux manteau hivernal. Ses couleurs rougeoyantes dominaient toute la vallée. Les températures avaient fortement diminué.
Du haut de ma branche, je m’accrochais fortement dès l’arrivée d’une bourrasque de vent. A chaque précipitation, il fallait attendre patiemment le retour de l’accalmie. Nous ne disposions d’aucun abri, aussi nous nous soutenions en silence. Régulièrement, j’apercevais des feuilles voisines virevolter. Sur ma branche, nous n’étions plus que deux. Mon amie avait revêtu une couleur jaunâtre teintée de vert.
Depuis quelques jours, le temps était venteux. Au détour d’une bourrasque, j’ai été soufflée jusqu’à tomber dans les bras de mon ami le vent. Tantôt j’étais bercée par ses soins, il me fit graviter en biais, tantôt il s’arrêtait net, et ce fut alors une nette chute libre. Après plusieurs minutes, tous ces mouvements me donnaient le tournis.
J’avais mal à la feuille de l’entendre siffloter. En un battement, je prenais la légèreté d’une plume qui s’envole, comme la lourdeur d’un caillou planté au sol. La délicatesse de ma feuille ne put résister à tous ces allers et venues récurrents et s’en trouva toute morcelée. Quand mon ami le vent fut parti, je fus instantanément projetée à même le sol.
Ouille, ouille, ouille que le sol était dur et bosselé. Son humidité venait s’infiltrer dans toutes mes veines. L’atterrissage me secoua. A peine mes esprits retrouvés, j’étais devenue fragile, comme livrée à moi-même et trop loin de l’arbre qui jusqu’alors me protégeait.
Comment me mettre à l’abri dépourvue de bras ou de jambe? Je n’ai pas eu le temps de réfléchir que je fus propulsée à plusieurs mètres. Que le choc fut violent. J’étais comme abasourdie quand je sentis une chaleur ardente me caresser la feuille. J’entendis ma surface craqueler au passage d’une griffe bien aiguisée. Un mouvement hésitant et répété venait bousculer ma feuille. Qui ose ainsi venir me chatouiller la feuille pendant que je réfléchis. Je n’eus point encore le temps de trouver la réponse que je fus de nouveau poussée.
Mais c’est à devenir dingue à la fin! Qui est donc cet énergumène qui vient troubler mes pensées?
La peur à la feuille je décidai d’en avoir le cœur net. Je fis un léger roulé-boulé et au même moment, la patte d’un animal vint impacter mon corps tout frêle. Je fus alors emmenée vers un sol fort pentu. Ma course fut intrépide, ma feuille fit des roulades avant, arrières et même de coté ! De la boue vint s’accrocher et combler mes parties trouées. Je tournoyais, tournoyais, j’en eus des haut-le-cœur d’être ballottée dans tous les sens. Cette déferlante va-t-elle s’arrêter ? Ma tête, j’ai mal à la tête. Aïe une pierre, aïe les orties, et beurk je fus stoppée net par quelque chose de gluant …
Après tous ces périples j’entrouvris les yeux et vis un corps visqueux me coller à la feuille.
Un escargot faisait ventouse avec mon corps, il me léchait, en salivait et me déchiquetait me trouvant à son goût. Le bougre il a eu le coup de foudre et va me savourer.
PAR CAILES
Nice blog thannks for posting
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