Eh! Puis un jour… d’automne, rongée par la tristesse, la lassitude, l’amertume, la déception, tu reprends le clavier pour jouer avec les mots et décrire tes maux. Cette masse de souffrance écrase tes vertèbres, tes articulations, te transforme en pachyderme bringuebalant, dodinant, peu reluisant, tellement pesant. Ton foie, tes organes crient de douleur. Tu navigues à vue dans le brouillard de ton désarroi, de ton soi perdu, disparu, au long court de ces vingt dernières années de déconstruction invasive de tes rêves et de tes attentes de femme amoureuse.
Eh! Puis un jour… sourire devient une épreuve quasiment irréalisable. La tristesse te ronge depuis tellement longtemps. Elle a eu raison de ton caractère enjoué, joyeux, de ta créativité, de ta réactivité, de ton émerveillement, de ton enjouement, bref de ta personnalité. Ton être émietté, dispersé, éventré, réduit à néant, te pèse au point de n’avoir plus envie de rien, plus envie de te réveiller au petit matin, de souhaiter l’arrêt du souffle de la vie pour le repos éternel, de passer le tunnel et retrouver tes chers disparus.
Eh! Puis un jour… le temps te semble long, long, tellement long, il s’étire, s’égrène, se gangrène, te malmène. Où est-elle passée ton époque de reine de la joie de vivre? Reste-t-il seulement une graine cachée au fond de toi, prête à germer à nouveau? Ou cette semence de vie se révèle-t-elle desséchée, explosée, diluée, perdue à jamais? Tu ne connais ni ne pressens la vérité à venir emmurée dans ce déchirement des sentiments, de ce labyrinthe de non-vie, de ce désespoir teinté de noir, sans espoir, perdue comme ce radeau malmené par les flots de la rivière tumultueuse.
Eh! Puis un jour… ton corps mort, ton âme larguée, tes bras sans étreintes constituent ta personne à part entière du néant. Toute joie disparue, tout frisson d’émoi inexistant, tu es transparente, invisible, inexistante, à peine vivante. Ni le plaisir de la table, puisque tu manges comme un oiseau, ni le plaisir des sens, puisque vivant en non-sens, ni le plaisir de la chair, puisque vivant sans étreintes, ne te retiennent en vie et en espoir. Envie de rien. Néant béant envoûtant. L’esprit vide de tout désir, de toute envie, de toute échappatoire.
Eh! Puis un jour…
« La mort de nos rêves sont nos certitudes. Parce que nous ne voulons pas regarder la vie comme une grande aventure à vivre, nous commençons à nous juger sages, justes et corrects dans le peu que nous attendons de l’existence. » Paulo Coelho.
Eh! Puis un jour…. Attendre en stand-by, attendre sur l’univers, n’attendre rien, surfer au long court, lutter contre la dépression, se raccrocher à de tous petits riens. Se nourrir d’une musique douce, d’un poème, de quelques belles photos, d’une caresse avec son chat, d’un rayon de soleil, d’un matin de brume, de quelques gouttes de rosée, d’un bon café, tout cela pour rester en vie, en apnée. Attendre… qui? Attendre quoi? S’obliger vainement à rester en vie : l’attentat à sa propre vie n’étant pas autorisé! Eh! puis un jour… Eh! puis une semaine… !!! Eh! puis un mois… !!! Eh! puis BOOM!!!!!!!!!!
PAR CHANTAL ART-DY